Les plantes sont sessiles et les flux génétiques entre populations sont donc limités. Cette faible mobilité renforce une sélection divergente dans des environnements contrastés. Par conséquent, on peut partir du principe que dans un milieu donné, les populations locales présentent une "fitness" supérieure à celle des populations non locales. Cependant, les mécanismes, les facteurs clés et les échelles de l'adaptation locale sont peu connus. Dans le cadre de deux projets, nous avons analysé les facteurs conduisant à l'adaptation locale et en particulier, le rôle des interactions biotiques. Le premier programme une transplantation réciproque entre 3 pays européens qui vise à comparer l'importance du sol et du climat, et à étudier l'influence de la communauté végétale du voisinage. Le deuxième projet est centré sur les interactions trophiques. Une manipulation des phytophages principaux dans des transplantations réciproques permet d'évaluer leur rôle dans l'adaptation locale. Ces transplantations sont accompagnées par des " common garden experiments " afin d'évaluer l'importance de l'origine des végétaux pour la restauration écologique. Dans les deux programmes de recherche, la théorie d'adaptation locale a été confirmée pour 3 espèces végétales sur 4. Nous avons trouvé une adaptation au site (climat) mais pas au sol d'origine. Une influence des facteurs biotiques a été mise en évidence mais dans des sens opposés, soit renforçant, soit affaiblissant l'adaptation. La co-évolution entre adaptation des plantes et des phytophages ne permet donc pas des conclusions générales. Néanmoins, nos études ont montré que chaque implantation de végétaux non-locaux change les interactions biotiques.